Section Européenne Allemand

La fin du charbon en Allemagne

Publié le samedi 22 décembre 2018 11:41 - Mis à jour le samedi 22 décembre 2018 11:41

Le bassin minier de la Ruhr était le moteur de la puissance économique allemande. Fabrique d’armes, il devient aussi un enjeu politique : en 1923, par exemple, les troupes anglaises et françaises l’occupent pour imposer le paiement des réparations...

Avec l’invention de la machine à vapeur, le charbon va permettre l’éclosion de la révolution industrielle et transformer la région. Une puissante industrie minière, sidérurgique et chimique, va émerger avec lui et faire naître de riches capitaines d’industrie. L’emploi va attirer dans les villages de la Ruhr une main-d’œuvre venue de toute l’Allemagne, de toute l’Europe même, pour créer l’une des plus grandes agglomérations d’Europe. On y assiste aux premiers combats sociaux. Les populations de diverses origines s’y mélangent. Une identité se crée, directement liée à la mine.

Le bassin minier de la Ruhr est ainsi devenu le moteur de la puissance économique allemande. Fabrique d’armes, il devient aussi un enjeu politique : en 1923, par exemple, les troupes anglaises et françaises l’occupent pour imposer le paiement des réparations prévues par le traité de Versailles. Vingt-cinq ans plus tard, Robert Schuman s’en souviendra. En 1950, il proposera de mettre en commun la production de charbon et d’acier pour empêcher toute nouvelle guerre entre l’Allemagne et la France. La communauté européenne du charbon et de l’acier devient le point de départ de toute la construction européenne.

 

Après la guerre, l’âge d’or 

Au même moment, le bassin minier de la Ruhr connaît justement son âge d’or, dans l’élan de la reconstruction qui suit la Seconde Guerre mondiale. En 1957, les mines emploient près de 610.000 mineurs. Elles extraient près de 150 millions de tonnes de houille par an. Mais l’apogée ne dure pas. Jusque-là seule source d’énergie capable de porter l’industrialisation, le charbon se voit de plus en plus concurrencé par un nouvel « or noir » : le pétrole (et le gaz). De plus, le charbon européen n’est plus compétitif. Une part croissante de la consommation de houille est désormais importée. En 1958 éclate la crise du charbon. En 1959 ferme la première mine.

 

Après le déclin, vers un nouveau départ 

C’est le début d’une lente agonie. En Allemagne, pays du consensus social, les autorités dépensent des milliards de marks en subventions pour maintenir autant que possible l’activité et les emplois. Mais le secteur plonge. Entre 1960 et 1980, le nombre de puits passe de 146 à 39, puis à 12 au début des années 2000. En 1994, le nombre de mineurs passe pour la première fois sous la barre des 100 000. Les régions d’Aix-la-Chapelle (1997), puis de la Sarre (2012) tournent le dos à la houille. En 2007, le Bundestag adopte un plan de fermeture des dernières mines à l’horizon 2018. En 2017, les ultimes mines de la Ruhr ne produisent plus que 3,7 millions de tonnes de houille.

 

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